Dominique Bagouet

 

Il y aurait tant à dire sur Dominique Bagouet, les trois créations sur lesquelles j’ai été assistant / dramaturge, et l’ai aidé à faire le lien entre le texte et la danse, entre la parole d’un comédien (Mes amis, Meublé sommairement) et sa chorégraphie, l’aider à découper et choisir les textes dits à partir des livres qu’il avait choisis (deux livres d’un de ses auteurs de prédilection, l’écrivain Emmanuel Bove, le roman Mes amis et la nouvelle Aftalion Alexandre).

Le saut de l’Ange, lors de la création en juillet 1987 au Festival Montpellier danse

J’avais vu à Lyon en 1979 un spectacle intitulé Tartines (au Th. du 8°, à l’époque où Jean Paul Montanari, travaillant comme relations publiques pour Robert Gironès, a décidé de programmer une saison danse dans ce C.D.N.). Cinq ans après, Montanari l’a rejoint à Montpellier pour s’occuper du nouveau festival Montpellier Danse, et il me fait rencontrer Dominique Bagouet pour un projet imaginé pour le comédien Gérard Guillaumat. Amateur de théâtre, épris des comédiens, déclarant volontiers que Claude Régy était « un de ses chorégraphes préférés », il eut envie d’associer à ce projet un assistant, déjà lié au travail de Régy, capable d’assurer un travail de dramaturgie et de collaboration artistique autour de son spectacle sur Mes amis, d’Emmanuel Bove. Bove est en 1984 un quasi inconnu, et je plonge dans cette oeuvre avec délices. A partir de cette période, je resterai en contact avec lui jusqu’aux derniers jours, son décès en décembre 1992. Suivant assidûment toutes ses créations, je suis invité par lui à collaborer au projet iconoclaste du Saut de l’ange, où Bagouet invite Christian Boltanski, non pas pour concevoir un décor, mais plutôt pour dynamiter l’idée de « beau spectacle » . Au cours de ce spectacle, j’organise une sorte d’atelier d’écriture pour les danseurs, où ils écrivent avec les mots les plus simples des images, des cartes postales, des tableaux. Nous appelons cela des « décors parlés », ( je pense à l’oeuvre de Lawrence Weiner,) des phrases qui décriraient des toiles peintes absentes. Faire parler les danseurs, c’était un plaisir, quelque chose de clair, simple, ludique.

Catherine Legrand, dans Meublé sommairement (1989)

Un an plus tard  je fais rencontrer Nelly Borgeaud à Dominique Bagouet, alors que je dois faire ma première mise en scène (La passion selon G.H. d’après le roman de Clarice Lispector), il l’engage finalement un an avant ma création, pour un autre rendez vous associant sa chorégraphie à l’oeuvre de Bove : Meublé sommairement. Le pari est totalement  différent : le texte Aftalion Alexandre,   de Bove (plus qu’une nouvelle c’est un roman court) sera intégralement dit par Nelly Borgeaud, la chorégraphie jouant avec les moments de texte l’alternance ou la superposition. Le rôle que je joue est d’articuler au mieux le texte et la danse, que la danse ne soit ni totalement étrangère à la narration, ni une illustration du texte. Travail d’équilibre, d’échos, d’allusions, sur le principe de la litote et de l’ironie chers à Bagouet autant qu’à Bove.

 

Liens :

Textes dont je suis l’auteur

Le trait tremblé : Une analyse de l’oeuvre de Dominique Bagouet, que j’ai écrite pour le supplément du « Monde » spécial Festival d’Automne à Paris (1993)

Bagouet : au-delà du lisible, l’approche sensible d’un texte :  intervention lors d’un colloque sur Bagouet intitulé « Rendre lisible (1997)

Les Carnets Bagouet, ou l’art de partager ce qu’un artiste a légué : A propos de la création des « Carnets Bagouet » (1999)

Dominique Bagouet ou les passions obliques : tout premier texte écrit pour la plaquette de la Compagnie Bagouet, en 1985

 

Site des Carnets Bagouet

 Page Wikipédia sur Dominique Bagouet

Un vidéo d’archives sur le premier festival Montpellier Danse

Une des dernières chorégraphies de D. Bagouet : « So schnell » (1990)

 

reportage sur le spectacle à la Cour d’Honneur du Palais des Papes, en juillet 1993, dernier spectacle de la Compagnie Bagouet, donné sept mois après le décès du chorégraphe

 

Petit souvenir personnel : une photo des répétitions de « Mes amis » à Villeurbanne en 1984 où je suis en compagnie de Gérard Guillaumat et de Dominique Bagouet

 

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