Les ateliers de décors du TNP avaient déjà permis de présenter quelques spectacles étranges et atypiques, notamment une création mémorable, sans paroles, de Bruno Boëglin avec Michelle Marquais : Ars Moriendi.
La beauté brute de cet atelier, avec ces murs à nu de salpêtre granuleux, aurait été le cadre parfait des représentations après Douai, de Mes amis si l’hiver 1985 n’avait pas été si rigoureux. Tous ceux qui ont assisté au spectacle se souviennent du froid qu’ils y ont ressenti, après l’arrêt des souffleries chauffantes que l’on coupait en début de spectacle. Ces spectateurs emmitouflés ont été paradoxalement très proches du personnage de Victor Bâton, narrateur et anti-héros du roman. Malgré tout, le travail minimaliste du chorégraphe sur le corps âgé de l’acteur rendait vraiment justice à la beauté simple et la modernité du roman de Bove, écrit en 1927, modernité qui saute aux yeux dès la première lecture. Un extrait des premières pages du livre Mes amis.Découvert par Colette, aimé de Beckett qui a dit de lui “Il a comme personne le sens du détail touchant” Bove trouve un interprète rêvé en la personne de Bagouet, qui est le premier à porter à la scène un de ses textes. Ce sens du détail touchant était aussi constitutif de l’art de ce chorégraphe, qui entraînera toute sa compagnie, deux ans plus tard, dans une autre aventure inspirée par un court roman de Bove, Aftalion, Alexandre. Ce spectacle s’intitulera Meublé sommairement.
Emmanuel Bove
Ces ateliers de décors sont devenus le studio 24, transformés par Roger Planchon en studio de cinéma, parfois utilisé aussi pour des répétitions ou des représentations : l’ironie du sort veut que le seul spectacle que j’ai vu depuis Mes amis dans ce lieu, soit une reprise en 2008 d’une chorégraphie de Bagouet, par le Ballet de Lorraine : Les petites pièces de Berlin
Quelques autres lieux au hasard de la liste :
La Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence
Maison de la Culture de Bourges
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Lien vers le actuel du Studio 24