C’est le directeur de l’époque, Roland Poquet, qui avait envie de soutenir cette première et unique incursion du chorégraphe Dominique Bagouet dans le monde du théâtre : Mes amis. Ma rencontre avec Dominique Bagouet, au printemps 1984, alors que je venais d’assister Claude Régy sur deux créations, doit beaucoup à une recommandation de Jean-Paul Montanari, qui pensait que j’étais la bonne personne pour aider Bagouet à diriger un acteur, et adapter pour ce projet le texte de Bove. Je connaissais Jean-Paul Montanari, qui venait juste de diriger son premier Festival Montpellier-Danse, car il appartient, comme moi, à ce que j’ai coutume d’appeler “la diaspora lyonnaise” : tous ceux qui au contact de la création artistique à Lyon entre 1975 et 1985, ont décidé d’en faire leur métier, soit dans la création, soit dans l’accompagnement artistique et la programmation. Quelques noms : Nicole Martin, Christian Tamet, Michel Sala, Patrice Poyet, Régine Chopinot, Didier Deschamps, Jean-Paul Montanari… Je l’ai connu en étant lycéen :il était pion à cette époque au Lycée Pierre Brossolette de Villeurbanne, et ayant animé le club-théâtre du lycée, il nous incita vivement à découvrir beaucoup de spectacles au TNP et au Théâtre du 8°, par exemple La lettre à la Reine Victoria, de Bob Wilson que j’ai découvert à Lyon à 16 ans : déjà, un passeur…
L’Hippodrome de Douai était encore en chantier et le théâtre municipal de cette ville était un lieu délicieux et fané, avec encore des toiles peintes interchangeables pour l’accueil des opéras et opérettes sans décor. Pendant deux jours il nous a fallu interrompre les répétitions pour l’accueil d’un spectacle de boulevard dans le cadre d’une tournée Karsenty : La cage aux folles, sous-sous produit du spectacle d’origine, tournant sans Poiret ni Serrault mais par deux acteurs épouvantables dans les rôles principaux, et quelques-uns des seconds couteaux ayant fidèlement suivi la déchéance de cette production. J’ai vu, effaré, ce spectacle ( je n’avais rien d’autre à faire ce soir-là), découvrant le public réjoui et fier de ce qu’il venait d’avoir vu, inconscient du niveau insultant dans lequel un spectacle autrefois glorieux dans son genre pouvait descendre dans le cadre de ces tournées bas-de-gamme. J’ai eu alors la conviction que je n’aurai ni égards ni patience pour des productions vulgaires et bâclées comme celle-ci.
Un petit extrait vidéo de Mes amis, réalisé par Charles Picq
Quelques autres lieux au hasard de la liste :
La Cour Jacques-Coeur, Festival Montpellier-Danse
L’ERAC, Cannes
Le TGP Saint-Denis
Retour à la mosaïque de photos
Lien vers le site actuel de l’Hippodrome, scène nationale de Douai